pin

Paragraphe 1

Pins, sapins, épicéas

Parlons donc de ce bel arbre résineux qui est le pin. Vous avez plus d’une centaine de pins différents sur la planète, ils sont localisés principalement dans les pays de l’hémisphère nord. Ces arbres ont été utilisés comme plante médicinale depuis la nuit des temps.

Chez moi dans la Vaucluse, j’ai plutôt des pins d’Alep (Pinus halepensis). C’est l’espèce la plus développée ici et vous verrez ces pins s’entremêler avec les chênes verts. Dès qu’on monte un peu plus haut en altitude, dans les Alpes de Haute-Provence par exemple, on commence à voir plutôt le pin sylvestre (Pinus sylvestris) qui va plutôt cohabiter avec le chêne pubescent (Quercus pubescens).

En herboristerie, en général on utilise le pin sylvestre, sachant que les autres espèces de pins peuvent s’utiliser d’une manière plus ou moins interchangeable. Vous verrez aussi que, selon les régions et les pays, on utilise les bourgeons de sapin, de mélèze, d’épicéa. Ils sont tous intéressants.

D’ailleurs, je ne sais pas si vous connaissez Alfred Vogel, très fameux naturopathe Suisse. C'est une personne qui a beaucoup fait pour le renouveau des plantes médicinales au siècle dernier.

Vogel expliquait que si vous êtes sensible aux problèmes de bronche, vous trouverez probablement dans votre jardin un conifère quelconque : pin, sapin, mélèze. Essayez de trouver des bourgeons en train de s’ouvrir ou encore fermés, cueillez-en quelques-uns et mâchez-les lentement pendant la journée. Votre problème disparaîtra en quelques jours.

Cet aspect interchangeable des différents conifères est confirmé par Cazin, notre fameux médecin de campagne des années 1800, qui explique que « les bourgeons de toutes les espèces de pins et sapins peuvent être employées avec plus ou moins d’avantage en médecine ».

Donc vous voyez, même s’il semble que le pin sylvestre se soit imposé en herboristerie, on peut aussi utiliser les bourgeons des autres conifères. Comme l’explique Fournier dans son fameux dictionnaire des plantes médicinales, les autres bourgeons sont rarement utilisés dans le commerce parce qu’ils sont plus petits (donc au final probablement une question de poids/rendement).

Bourgeons de pin
Cueillette - une mission délicate

La ramasse se fait en général pendant la période de dormance en fin d’hiver, disons autour de février/mars en fonction des régions.

Le bourgeon doit être encore très résineux à ce moment-là, collant, et il ne s’est pas encore épanoui. Attention, ceci est une opération qui va beaucoup affaiblir l’arbre donc on ne fait pas n’importe quoi. Certaines ramasses se font uniquement sur les arbres qui ont été abattus pour la production de bois avant que les pins ne partent à la scierie.

Sinon, on ne ramasse que sur les branches basses pour ne pas empêcher l’arbre de se développer vers le haut. Et j’ai cru lire qu’en France il est interdit de ramasser les bourgeons de conifères en forêt (si vous avez, cher lecteur, un bulletin officiel avec cette information, merci de me laisser un lien en commentaire tout en bas de l'article).

Personnellement je ne ramasse qu'en petite quantité et sur les arbres qui sont chez moi. Renseignez-vous toujours sur les réglementations de votre région avant d’aller ramasser les plantes dans la nature. C'est pour leur bien.

Bourgeons de sapin
Congestion des bronches, toux grasse

La propriété la plus intéressante est liée aux problèmes de bronches.

Il faut bien noter que dans tous les vieux écrits, on retrouve, associé au bourgeon de pin, le concept de catarrhe pulmonaire. Le terme catarrhe est important à comprendre, il n’est plus vraiment employé aujourd’hui. On l’utilisait pour décrire une situation dans laquelle il y a une inflammation qui provoque une sécrétion excessive des muqueuses.

Donc si on parle de catarrhe pulmonaire, nous avons des bronches enflammées, malades, et qui produisent une quantité excessive de mucus. On parle donc ici d’une toux grasse.

Le bourgeon de pin va avoir 3 propriétés très intéressantes ici :

C’est un antiseptique des voies respiratoires. Ses constituants passent en circulation sanguine, atteignent les bronches et vont être relâchés à cet endroit. Ceci va désinfecter la zone.
Ils sont fluidifiants bronchiques, ils permettent la sécrétion d’un mucus plus fluide, qui sera évacué plus facilement.
Ils sont expectorants, c’est-à-dire qu’ils facilitent une meilleure évacuation des sécrétions vers le haut et vers l’extérieur, ce qui est un aspect très important dans toute problématique pulmonaire. Il faut qu’il y ait une bonne évacuation des déchets immunitaires et il faut éviter à tout prix les situations dans lesquelles la personne n’arrive plus à expectorer d’une manière efficace.

Vous voyez donc qu'on ne parle pas ici de toux sèche, de toux nerveuse, de toux allergique (gorge qui picote). On parle bien d’une toux grasse avec les bronches prises et la production abondante de mucus qu’il faut évacuer pour faciliter la guérison.


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Inflammations articulaires

On peut appliquer des préparations à base de bourgeons de pin en externe, pour soulager les inflammations articulaires : arthrose, arthrite, rhumatisme, quel que soit le terme que vous employez.

Dans ce contexte, il faut impérativement s’assurer que la préparation contient les substances résineuses des bourgeons. Il faut donc arriver à extraire ces résines. Vous pouvez faire un macérat huileux classique, c’est-à-dire simplement recouvrir les bourgeons d’une huile végétale et laisser macérer pendant 4 à 6 semaines, mais c’est très moyen pour extraire les résines.

A la place, je vous conseille de faire un macérat huileux par intermédiaire alcoolique, chose que je vous explique en détail sur ce site ainsi que dans mes formations.

Ce macérat huileux peut ensuite être appliqué localement sur les articulations douloureuses pour soulager les inflammations. Vous pouvez éventuellement rajouter des huiles essentielles antiinflammatoires dans afin augmenter l’effet – pensez aux classiques de type gaulthérie couchée, eucalyptus citronné, laurier noble avec une dilution autour des 10% pour faire une bonne synergie avec le macérat huileux.

Infections urinaires

Autre application classique, pour les infections des voies urinaires, cystites et compagnie. Si vous suivez mes vidéos, nous avons déjà parlé de plusieurs plantes qui peuvent aider dans les cas d’infections urinaires. En voici une nouvelle qui vous pouvez rajouter à votre liste.

Celle-ci a la particularité d’être résineuse, elle va donc apporter un effet désinfectant un peu différent des autres. Il est toujours bon d’avoir des plantes qui ont les mêmes propriétés mais qui agissent de différentes manières, au travers de différents constituants. Ensuite, on peut les combiner afin d'augmenter l’efficacité d’une préparation.
Richesse en vitamine C

Une dernière information intéressante, les bourgeons sont réputés pour être riches en vitamine C, ce qui est toujours positif en période hivernale.

En revanche, 2 points à garder en tête :

La vitamine C se dégrade une fois que l’on fait sécher le bourgeon.
On prépare ces bourgeons très souvent en infusion, parfois on fait une petite décoction. L’eau chaude dégrade une partie de la vitamine C.

Au final, combien reste-t-il de vitamine C dans la tasse ? Je ne pourrais pas vous dire, je n’ai pas l’information, mais je pense pas grand-chose.

Une préparation bien meilleure pour récupérer la vitamine C est le sirop des bourgeons frais de pin ou de sapins. Nous en reparlerons peut-être dans un futur article.

Bourgeons de pin
Préparations

La préparation classique que vous trouverez dans vos anciens ouvrages, c’est l’infusion à des doses de 20 à 30 g de bourgeons secs pour 1 litre d’eau (dosage chez Cazin).

Donc si vous faites une infusion de 250 ml dans une tasse à thé, cela vous fait dans les 5 à 7 g. Vous versez l’eau bouillante et vous faites infuser 10 minutes. C’est très moyen pour extraire les résines car l’eau n’est pas un bon solvant pour les résines.

Dans certains livres on va vous faire bouillir les bourgeons pendant 10 minutes, donc une décoction. C’est déjà un peu mieux.

Mais je vais vous donner une astuce assez fabuleuse pour décupler la puissance de votre infusion. En fait, on va utiliser un tout petit peu d’alcool pour favoriser l’extraction, l’alcool étant le solvant idéal pour les résines :

Placez 5 g de bourgeons secs au fond de votre tasse ;
Versez par-dessus un tout petit peu de rhum à 55°, disons 1/2 bouchon, il faut en utiliser le moins possible, juste assez pour bien imbiber les bourgeons. Je choisis un rhum à 55° car c’est l’alcool le plus fort que je trouve dans le commerce en France tout simplement.
Laissez macérer 2 heures ;
Les bourgeons seront alors tendres. Triturez-les avec une cuillère afin de les écraser ;
Versez l'eau bouillante (100°C) dessus et laissez infuser à couvert pendant 10 minutes.

Comparez les deux méthodes. Faites une infusion normale, puis faites cette version et comparez le goût résineux au final. Vous allez voir, il y a une énorme différence.

Bourgeons de pin

Vous pouvez aussi préparer vos bourgeons de pin sous forme de teinture. La macération alcoolique va être très intéressante vu que l'alcool a une forte affinité pour les résines.

Utilisez 500 ml de rhum à 55° pour 100 g de bourgeons secs, laissez macérer pendant 2 semaines, filtrez. Cela vous fera une excellente teinture à rajouter dans vos infusions pectorales.

Par exemple en cas de bronches prises, une bonne infusion de thym (Thymus vulgaris), ou d’eucalyptus (Eucalyptus globulus), rajoutez une 20’aines de gouttes de teinture de bourgeons de sapin, et vous m’en direz des nouvelles !

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