Partenelle ou grande camomille (Tanacetum parthenium)

Paragraphe 1

L'être humain à besoin de ranger les choses dans des compartiments, des boites bien ordonnées. La partenelle, cette grande astéracée des jardins, n'échappe pas à cette règle. Elle est devenue la "plante des migraineux" et nous verrons pourquoi.

Nous en profiterons aussi pour dépoussiérer d'autres propriétés trop souvent oubliées (indice : elle est amère !). Enfin, nous explorerons des propriétés découvertes récemment, son pouvoir anti-cancer par exemple.

Mais d'abord une petite vidéo...

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Nom commun : Partenelle, Grande camomille

Nom latin : Tanacetum parthenium

Famille : Asteraceae

Constituants :

Lactones sesquiterpéniques en particulier parthénolides (0,06% à 0,6%), les substances que l'on estime actives dans le contexte de la migraine.
Huiles essentielles
Flavonoïdes
Camphre, qui définit l'une des signatures olfactives de la plante

Goût :

Amer
Aromatique
Camphré

Energétique :

Réchauffante

Un peu de botanique :

Odeur pénétrante camphrée, désagréable pour certains. Feuilles molles vert clair à subdivisions élargies, sans poils, bordées de dents peu nombreuses et obtuses. Capitules à disque jaune vif entouré de ligules blancs, larges et courts, disposés en corymbe. Fréquemment confondue avec la camomille romaine (Anthemis nobilis) et la camomille matricaire (Matricaria recutica)
Partenelle contre les migraines

Tout commence en 1973 avec Anne Jenkins, une habitante du pays de galle qui consulte un guérisseur pour ses maux de tête. Le guérisseur demande à Mme Jenkins de consommer 3 feuilles fraîches de partenelle par jour. Au bout de 10 mois, les migraines disparurent. Mme Jenkins avait trouvé son remède, sachant qu'elle devait mâcher ses 3 feuilles tous les jours sous peine de voir ses migraines revenir (mes excuses, je parle de 1 mois dans la vidéo, c'est bien 10 mois).

Son enthousiasme pour la partenelle fit le tour du Royaume Uni. Le docteur Stewart Johnson, spécialiste de la migraine à Londres, démarra la première étude à ce sujet et révéla des faits intéressants (ref : Mills & Bone) :

72% des participants (253 migraineux au total) estimèrent que la partenelle fournit une aide significative pour les migraines ;
33% virent leurs migraines disparaître, alors que 76% eurent moins de migraines chaque mois ;
Les nausées et vomissements parfois associés à la migraine disparurent chez tous les participants ;
Les médicaments pour calmer la migraine (ex : aspirine) furent nettement plus efficace avec la partenelle, sans risque d'interaction.
De nombreux participants virent leurs douleurs articulaires diminuer.

Et surtout, point très important, cette première étude nous donne la clé d'utilisation : les effets se font ressentir d'une manière lente et graduelle, souvent nécessitant plusieurs mois de prise. Lorsque les participants stoppent la prise, les migraines ont tendance à revenir.

Tout cela veut dire quoi si vous souffrez de migraines ?

Certains vous diront la chose suivante : "cela signifie que la partenelle n'a rien résolu, qu'elle ne fonctionne que d'une manière symptomatique, qu'elle vous donne une excuse pour ne pas prendre soin de vous".

Je pense différemment et voici mon opinion : la partenelle nous apporte un répit, une pause. Lorsque nous respirons enfin un peu, nous pouvons entamer un processus de réflexion sur les causes sous-jacentes de ces migraines. Et au minimum, elle diminue la cascade inflammatoire chronique, cascade qui n'est jamais bénéfique au long terme.

Soyez patient avec elle. Comme l'étude ci-dessus nous a indiqué, il faut parfois la prendre pendant plusieurs mois, disons 3 ou 4, avant de voir un effet sur la fréquence et l'intensité des crises.

En ce qui concerne les données plus récentes, de nombreuses études ont été faites (Pittler, 2004), avec des formes et des doses diverses et variées (granules de plante, plante sèche, comprimés standardisés, etc). Certaines études démontrent une efficacité nette, d'autres aucune efficacité, ce qui pourrait être dû à une forme ou une dose inadéquate.

Dans ce genre de situation où la confusion semble régner, il faut revenir aux choses simples : la plante est inoffensive - si vous souffrez de migraines, pourquoi ne pas l'essayer et juger par vous-même ? (d'autres outils pour la migraine ici).

D'autres indications spécifiques pour l'utilisation de la partenelle :

Migraines ayant une composante digestive ou hépatique, la plante agissant de manière marquée sur ces deux axes ;
Migraines avec sensation de chaleur et congestion à la tête, soulagée par le froid (ref : Wood).

Notez bien : la première des choses à faire lorsque des maux de tête apparaissent est de consulter un médecin afin d'écarter toute cause pathologique.

Partenelle ou grande camomille (Tanacetum parthenium)
Anti-inflammatoire

Les parthénolides de la partenelle inhibent certaines substances impliquées dans la cascade inflammatoire (COX, thromboxanes, leukotriènes, etc) et réduisent donc l'inflammation. Cette propriété a été démontrée sur animal au travers de multiples études (ex : Jain, 1999).

Ceci pourrait expliquer en partie l'action anti-migraineuse de la plante, la migraine étant un état inflammatoire cérébral. Ceci expliquerait aussi les propriétés anti-rhumatismales notées dans l'étude du docteur Johnson.

D'un point de vue historique, la plante était utilisée pendant les infections hivernales, les froids et les états fébriles. Là encore, les propriétés anti-inflammatoires sont probablement à l'origine de cette action.

Que faire de cette information ? Dans votre parcours de santé, vous serez confronté à des conditions inflammatoires chroniques. Vous devrez mener une réflexion de fond sur les causes possibles. Mais en parallèle, vous devrez aussi mettre en place un protocole naturel qui diminue cette inflammation destructrice : curcuma, reine des prés, gingembre, etc. Vous avez maintenant une nouvelle plante à votre arsenal : la partenelle !

Partenelle ou grande camomille (Tanacetum parthenium)
La partenelle est un tonique digestif

On passe trop souvent à coté des amères digestives que la nature nous offre. Il faudrait que cela devienne un réflexe : lorsqu'une médicinale est bien amère, elle peut, d'une manière simple et efficace, relancer l'activité digestive lorsqu'on la prend une dizaine de minutes avant le repas.

Felter et Lloyd, deux grands noms de la phytothérapie américaine des années 1800, nous disent que la partenelle est l'un des toniques amers les plus agréables à prendre. Et si cela vous surprend, c'est que vous n'avez pas goûté aux autres "classiques" (essayez le ményanthe par exemple).

La plante tonifie le tube digestif dans son ensemble, augmente l'appétit, améliore les fonctions digestives et favorise de meilleures sécrétions enzymatiques D'ailleurs, prenez une feuille fraîche et mâchez-la. Sentez-vous la salivation arriver ? Ce qui se passe dans votre bouche se déroule aussi plus bas dans l'estomac et l'intestin grêle.

Sur la digestion, l'effet amer se combine aux substances aromatiques de la plante pour fournir un effet antispasmodique (calme les crampes) et carminatif (réduit la production de gaz). Que demander de plus!

Par contre, à noter :

Prise 10 minutes avant le repas, elle prépare la digestion en "mettant la machine en route" ;
Prise sur la digestion, elle calme crampes et ballonnements.

Sachant que les troubles digestifs et hépatiques sont souvent déclencheurs des migraines, on voit là encore comment la plante pourrait agir.

Partenelle ou grande camomille (Tanacetum parthenium)
Partenelle anti-cancer

De nombreuses études ont démontré l'efficacité des parthénolides contre une grande variété de cellules cancéreuses (Mills & Bone, 2013). D'après les études, la partenelle stimulerait l'apoptose des cellules cancéreuses en inhibant la production d'une protéine nommée "nuclear factor-kappa B" qui inhibe le processus d'apoptose (Koprowska, 2010).

La plante semble agir d'une manière très sélective sur les cellules cancéreuses et non sur les cellules saines. De plus, elle semble avoir une affinité pour certaines cellules cancéreuses comme celles du sein et de la prostate (Mills & Bone, 2013).

De nombreuses études ont été réalisées in-vitro ou in-vivo sur animal, ce qui rend l'interprétation difficile pour l'être humain. Disons que vu l'innocuité de la plante, il serait dommage de s'en priver si besoin.
Autre

La partenelle a été traditionnellement utilisée comme emménagogue, c'est-à-dire qu'elle favorise les menstruations en stimulant le flux sanguin vers l'utérus. Elle soulage aussi les situations de règles douloureuses.

Précautions à prendre avec la partenelle

Ne prenez pas la partenelle si vous êtes allergique aux plantes de la famille des astéracées. Des cas de dermatite de contact ont été répertoriés, provoqués par les lactones sesquiterpéniques.
Ne prenez pas la plante si vous êtes enceinte (aucune donnée en ce qui concerne l'allaitement, donc prudence).
Les effets indésirables classiques relevés dans les études sont : des gênes digestives, parfois des aphtes en particulier lorsque la feuille fraîche et consommée, parfois des règles plus abondantes.
Peut interagir avec les médicaments anticoagulants.

Préparation de la partenelle

La Partenelle est très facile à cultiver. Elle est prolifique dès la première année, avec une floraison abondante.

Partenelle ou grande camomille (Tanacetum parthenium)
Parties utilisées

Cueillez les feuilles et les fleurs. La cueillette se fait lorsque la plante est en fleur: les feuilles contiennent à ce moment là jusqu'à 4 fois plus de parthénolides qu'avant floraison (Dennis, 1991). Coupez les sommités fleuries entières et faites les sécher en bouquet la tête en bas. Stockez ensuite ces branches coupées en tronçons dans des sacs en papier. Vous pouvez effriter branches et feuilles juste avant de faire votre infusion ou teinture.

La plante se sèche relativement bien sur claie de séchage à l'ombre dans un endroit bien aéré. Par contre la feuille va perdre beaucoup de son volume initial, ceci est normal (voir photo ci-dessous).

Partenelle ou grande camomille (Tanacetum parthenium)

Tant que la feuille garde son aspect vert, et la fleur ses couleurs blanches et jaunes, on est en présence d'une Partenelle bien séchée. Quant à l'odeur, comme expliqué dans la vidéo, la plante doit dégager une forte odeur de camphre.

Voici une photo pour illustrer ce point, avec une partenelle qui a presque un an, mais reste toujours bien colorée. En ouvrant le bocal, la plante doit toujours sentir aussi bon.

Partenelle ou grande camomille (Tanacetum parthenium)

Formes utilisées

Partenelle ou grande camomille (Tanacetum parthenium)

Dans mon expérience, l'infusion semble mieux fonctionner que la forme teinture ou gélule. Bien sûr, l'infusion a un goût très marqué et n'est pas faite pour tout le monde. Mais si vous la tolérez, c'est la forme que je vous recommande en premier lieu.

Teinture
Des feuilles et fleurs fraîches au taux de 1:2 avec de l’alcool à 90° (une excellente préparation).
Des feuilles et fleurs sèches au 1:5, alcool à 45° (très bien aussi si la plante a été récemment séchée).
Infusion
De la plante fraiche ou sèche. Par contre, amertume garantie.
Gélules
De la plante récemment séchée et réduite en poudre. Voir ma vidéo ici pour la pulvérisation.
Voir ici pour la mise en gélule.

Dosages

La question des dosages est toujours épineuse. Je traduis ici l'excellente opinion de Mills & Bone :

"La tendance actuelle est de recommander de faibles doses de la plante probablement due aux recommandations initiales d'utiliser de faibles doses de la feuille fraiche. Mais l'utilisation d'une telle dose signifie qu'il faut attendre 6 à 9 mois avant de voir un effet. Avec cette durée, le patient pourrait abandonner le traitement avant d'obtenir les effets. C'est pourquoi une utilisation de plus fortes doses est recommandée pour des effets plus rapides."

Teinture
3 à 5 ml par jour jusqu'à obtenir des résultats (migraines) puis 1 à 2 ml par jour en dose de maintien (ref : Mills & Bone)
Infusion
4 à 12 g par litre d'eau bouillante, une tasse avant chaque repas comme tonique digestif (ref : Fournier)
Gélules
600 à 1000 mg par jour jusqu'à obtenir des résultats (migraines) puis 150 à 300 mg par jour en dose de maintien (ref : Mills & Bone)
Plante fraiche
2 à 3 feuilles par jour (compliqué pour certains à cause du goût)

Paragraphe 2

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