Gui (Viscum album)

Précautions

Vous ne devez pas utiliser de gui dans les cas suivants :
• durant la grossesse ou l’allaitement ;
• si vous êtes allergique au gui.
Effets indésirables
Dans le cas des injections sous-cutanées, on a fréquemment rapporté des frissons, de la fièvre, des maux de tête, ainsi que des douleurs au site d’injection, mais pas d’effets indésirables graves, même après un traitement à long terme.
Par voie orale, le gui peut être toxique lorsqu’on dépasse les dosages mentionnés dans cette fiche.
L’ingestion accidentelle de jusqu’à trois fruits entiers ou deux feuilles entières de la plante semble sans danger. L’ingestion de plus grandes quantités peut causer des troubles gastro-intestinaux et cardiaques.
La consommation de grandes quantités peut même causer le coma ou la mort.
Interactions avec le gui
Avec des médicaments
Théoriquement, les effets du gui pourraient s’ajouter à ceux des médicaments hypotenseurs.
Théoriquement, les effets du gui pourraient contrer ceux des médicaments immunosuppresseurs.
Sur les tablettes à propos du gui
La distribution des préparations injectables pour traiter le cancer est interdite au Canada et aux États-Unis.
Cependant, pour les indications traditionnelles du gui (hypertension et athérosclérose), on peut trouver dans les magasins spécialisés des tiges ou des feuilles de gui séché et des extraits fluides.
Les extraits solides font parfois partie de mélanges de plantes destinés à traiter l’hypertension.

Propriétés

Comme des milliers d'espèces de plantes médicinales, utilisées depuis des siècles en médecine populaire ou traditionnelle, le gui pourrait contenir des substances intéressant la médecine et la biochimie. Les feuilles, ou la plante entière, sont utilisées en infusion, teinture, sirop, extrait de fluide, œnolé, extrait visqueux, par voie orale ou parentérale (injectable).
Action cardiovasculaire et diurétique
Les feuilles, quelquefois la plante entière, ont des propriétés vasodilatatrice et antihypertensive par la choline, l'acétylcholine et des saponosides. Il existe aussi une action cardiaque de type digitalique. La voie orale est peu efficace, les effets ne sont constatés que par injection.
Il existe aussi une action diurétique.
Action antispasmodique
Le gui était autrefois utilisé contre les désordres nerveux, pour la régulation des activités glandulaires. Il était notamment recommandé en cas de vertiges, en vertu de la théorie des signatures. et de la digestion. La décoction des branchettes serait capable de diminuer la sensibilité au froid et d'éviter les engelures. Cette dernière propriété serait liée à une pensée mythique (le gui restant vert en saison froide).
Action antitumorale

Selon Delaveau, un mythe s'est créé pour supposer des propriétés antitumorales du gui, à partir de l'observation du développement du gui se développant comme un cancer sur l'arbre parasité.
L'étude chimique du gui a commencé dès le début du XXe siècle et n'est pas terminée. Les feuilles contiennent une protéine stimulante du thymus. D'autres protéines, comme des phytohémagglutinines, pourraient bloquer la multiplication de cellules cancéreuses. Des viscotoxines seraient actives contre des papillomes ou verrues.
Des extraits de gui sont utilisés comme traitement adjuvant de certains cancers traités par chimiothérapie, en médecine anthroposophique . Il s'agit de la préparation Iscador® 59 ou Viscum Album, proposée en 1921 par l'Association médicale anthroposophique. Pour le fondateur de l'anthroposophie, Rudolf Steiner, le gui est une plante qui se situe « entre les forces de pesanteur et de lévité, et qui s'oppose aux forces éthériques, donc à la prolifération ». Par la suite, les médecins anthroposophes expliquent l'action du gui par une action cytostatique et stimulante de l'immunité.
L'Iscador est composé d'extraits de gui fermenté, cueilli et préparé selon un cérémonial particulier. Il existe plusieurs types d'Iscador, selon l'arbre, et selon une combinaison métallique. Les cures sont de quatorze jours, le matin, par injections sous-cutanées. Dans les années 1980, deux millions d'ampoules auraient été vendues chaque année dans le monde, principalement en Suisse, en Allemagne et en Belgique.
ll n'existe pas à l'heure actuelle d'études scientifiques reconnues démontrant l'efficacité de l'Iscador dans le traitement du cancer. Les études sont nombreuses mais contradictoires et peu convaincantes.
Si les extraits de gui sont commercialisés et diffusés en Allemagne et en Suisse, ils ne sont pas autorisés en France, ni aux États-Unis. Ainsi le National Institutes of Health n'approuve pas l'utilisation médicale du gui, et la Food and Drug Administration interdit les injections d'extraits de gui (importation, vente et usages médicaux, sauf à des fins de recherches). En Suisse même, la Société suisse d'Oncologie et la Ligue suisse contre le cancer déconseillent l'emploi de l'Iscardor dans le traitement des cancers.

Ses principes actifs seraient des lectines, c’est-à-dire des protéines capables de se fixer de façon spécifique sur les membranes cellulaires.
Ceci laisse supposer que le gui aurait la capacité d’inhiber l’activité de certaines cellules, dont les cellules cancéreuses. La confusion entourant cette plante est d’autant plus grande que les lectines varient d’un type de gui à l’autre en fonction de l’hôte (arbre) sur lequel il pousse.
L’usage du gui, ou plutôt des différents guis, remonte aux druides de l’Antiquité.
D’ailleurs, en Europe, le principal produit de gui (Iscador®) sur le marché a été créé par Rudolf Steiner (1861 – 1925), le grand penseur à l’origine du mouvement anthroposophique. Sans vouloir invalider les travaux de Steiner, je constate que la compréhension de la chimie et du mode d’action du gui n’explique pas son usage pour le traitement du cancer.
Les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas de recommander ce produit, ce qui ne signifie pas qu’un mécanisme d’action valable ne puisse être découvert un jour.
Des essais récents ont donné des résultats intéressants, mais il est important de répéter que le gui n’est pas une plante que l’on peut offrir en vente libre et ne devrait être recommandé que par un thérapeute formé.

Composition

Le gui utilisé contient un mélange complexe de nombreux alcaloïdes, pour la plupart cytotoxiques, et de protéines (viscotoxines et lectines) qui sont des hémagglutinines à effet mutagène48. Les principes toxiques sont mal connus : alcaloïdes polypeptidiques, saponosides, alcools résiniques.
Constituants connus :
• viscalbine,
• viscoflavine,
• acétylcholine,.
• viscumine (lectine),
• inositol,
• mannite,
• saponine,
• acides,
• sels,
• vitamine C,
• viscine,
• résine.
la feuille de gui contient de nombreuses substances intéressantes comme des triterpènes, des stérols, des amines (choline, acétylcholine, tyramine, histamine), des phénols, des lignanes et des flavonoïdes, mais aussi et surtout certaines molécules spécifiques, comme la viscotoxine, (protéine présente dans les feuilles, les tiges, et les baies blanches), la lectine, ainsi que des alcaloïdes qui aident à lutter contre la prolifération des cellules cancéreuses.

• Lectines (glycoprotéines) : mistletoe lectin I, II et III, constituées de deux chaines polypeptidiques A et B
o Les teneurs en lectines varient selon l’espèce végétale hôte associée au gui, respectivement pour le pin (P), le pommier (M) et le chêne (Q) : très faible, moyenne, élevée.
• Viscotoxines : polypeptides basiques stables d’environ 46 acides aminés (= thionines)
o Les viscotoxines sont plus concentrées dans les feuilles jeunes en été, les lectines sont au contraire très concentrées dans les tiges plus anciennes en hiver
• Flavonoïdes dérivés de l’isorhamnétol et du quercétol, rhamnazol, etc
• Phénylpropanes et lignanes : syringénine-4’-glucoside et syringarésinol-4’-4’’-diglucoside
• Autres composés phénoliques
• Polysaccharides : galacturonane et arabinogalactane
• Amines biogènes : tyramine, choline, histamine, etc
• Cyclitols : viscumitol 
• Amino-alcaloïde
• Diarylheptanoïdes et D de l'acide gamma-hydroxybutyrique
• Triterpène dérivé de l'acide oléanolique
o L'espèce hôte influe sur la quantité de viscotoxines mais pas sur leur composition

Posologie

L’utilisation du gui à des fins thérapeutiques doit se faire sous la supervision d’un thérapeute dûment formé. Les dosages ci-dessous sont donnés à titre indicatif seulement.

Il ne faut pas confondre le gui européen, qui a des vertus médicinales, avec le gui américain, qui est quant à lui toxique (à noter aussi que le gui en provenance des pays de l’Est est de moins bonne qualité et donc moins efficace).
L’usage interne du gui est limité aux feuilles et aux tiges, car les fruits sont toxiques.
Hypertension artérielle légère (traitement) et athérosclérose (prévention)
• Macération : faites macérer 2 c. à thé de feuilles séchées et hachées finement dans 500 ml d’eau froide durant 10 à 12 heures. Filtrez et prenez deux tasses par jour ;
• Infusion : faites infuser durant 10 minutes de 1 c. à 2 c. à thé de feuilles séchées et hachées dans 250 ml d’eau bouillante. Prenez deux tasses par jour ;
• Teinture (1:4 – 40 à 50 % d’alcool) : prenez de 10 à 60 gouttes, trois fois par jour ;
• Extrait fluide (1:1 – de 25 % à 50 % d’alcool) : prenez de 25 à 60 gouttes, trois fois par jour.

Utilisation externe
En injection vaginale sous forme d'infusion, le gui permet de traiter les affections génitales féminines et les pertes blanches. Traditionnellement, des cataplasmes de gui étaient posés sur les engelures et les crevasses.

Toxicité

La toxicité du gui serait variable selon l'arbre sur lequel il se développe, ainsi celui du peuplier serait plus toxique que celui du pommier.
Les parties les plus toxiques (principe actif : viscotoxine) sont les feuilles, les écorces et les baies blanches. Les intoxications par baie de gui concernent surtout les enfants. Chez l'adulte, des troubles digestifs apparaissent à partir de cinq baies, les accidents graves (troubles du rythme cardiaque, collapsus cardiovasculaire) surviennent à partir d'une dizaine de baies.
L'intoxication grave se manifeste par un œdème pharyngé, une irritation des muqueuses du tube digestif (vomissements et diarrhées sanglantes), une soif intense, des troubles respiratoires et une chute de la tension artérielle.
En fait la quantité ingérée est souvent faible (moins de 3 baies), et se limite à des troubles digestifs mineurs49.

Divers

Les fruits du gui, une fois macérés, fermentés et cuits, donnent une colle fine et très adhésive qui servait de glu (glu des oiseleurs) pour piéger les oiseaux.
Jacques-Christophe Valmont de Bomare décrit la préparation de la glu :
« Les Anciens se servoient des baies de gui pour faire de la glu, viscum aucupum, en faisant bouillir ces fruits dans de l'eau, les pilant ensuite, & coulant la liqueur chaude pour en séparer les semences & la peau. Cette glu est très-résolutive & émolliente; appliquée extérieurement, elle soulage les douleurs de la goutte. Des personnes font aujourd'hui la glu de gui avec l'écorce de cette plante parasite. On la met dans un lieu humide, renfermée dans un pot l'espace de huit ou dix jours. Quand elle est pourrie, on la pile jusqu'à la réduire en bouillie ; ensuite on la met dans une terrine ; on y jette de temps à autre de l'eau de fontaine bien fraîche ; on remue avec un bâton en forme de spatule, jusqu'à ce que la glu se prenne au bâton ; plus elle est nette, plus elle est tenace ; on l'étend ensuite à plusieurs reprises dans l'eau pour la bien nettoyer. D'autres, pour faire cette même glu de gui, en prennent également l'écorce dans le temps de la sève ; ils en forment un gros peloton, & le mettent pourrir pendant cinq à six jours dans l'eau, à l'aide de la chaleur du fumier. Ils pilent ensuite cette masse d'écorce dans l'eau & la réduisent en pâte, puis ils la lavent dans une eau courante : elle forme une masse gluante, qu'on met en boule dans un pot en un lieu frais, & on met dessus de l'eau claire, qu'on renouvelle de temps en temps. »

Historique

Durant l’Antiquité, le gui avait déjà une solide réputation de panacée (remède universel) auprès des Grecs et des Celtes.

Le gui était employé pour traiter :
• L’hypertension artérielle ;
• l’athérosclérose ;
• l’épilepsie ;
• les symptômes de la ménopause ;
• l’infertilité ;
• les états nerveux ;
• l’asthme ;
• le mal de tête ;
• la dermatite.
La phytothérapie traditionnelle a surtout conservé l’usage de la plante pour traiter l’hypertension artérielle et pour prévenir l’athérosclérose, notamment en Europe occidentale, mais également en Bulgarie, en Turquie et au Mexique.
En Médecine traditionnelle chinoise, le gui est utilisé pour soulager les douleurs arthritiques.
En 1921, le scientifique et philosophe Rudolf Steiner, fondateur du mouvement anthroposophique, émit l’hypothèse que la plante pouvait être utile pour le traitement du cancer (voir la fiche Médecine anthroposophique).
C’est alors que s’ouvrirent, en Suisse et en Allemagne, des cliniques médicales vouées à l’application de cette thérapeutique. La pratique s’est depuis intégrée à la médecine officielle de quelques pays européens.
Cet usage thérapeutique est principalement axé sur l’administration par injection sous-cutanée ou intramusculaire de diverses préparations à base de gui.