Curcuma (Curcuma longa)

Précautions

En Italie, des cas d'atteintes hépatiques pourraient être imputables à des préparations à base de curcuma. Dix cas avaient déjà été signalés en Suède et cinq en Norvège en 2009. Le danger semble survenir lors de l'association du curcuma et du nimésulide (anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) dont les propriétés sont d'agir contre la douleur) que l'on trouve dans certaines préparations.

Le curcuma est contre-indiqué chez les personnes qui souffrent d’obstruction des voies biliaires (calculs). Le curcuma à dose élevée est déconseillé en cas d’ulcère de l’estomac ou du duodénum, car il risque d’augmenter l’irritation.

Les effets indésirables du curcuma sont une sécheresse de la bouche, des flatulences et des brûlures d’estomac (à des doses élevées). Un surdosage se traduit par des nausées et des vomissements.

En 2022, l’Italie a recensé une vingtaine de cas d’hépatite impliquant des compléments alimentaires contenant du curcuma. En France, le dispositif de nutrivigilance de l’Anses a enregistré plus de 100 signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma ou de la curcumine, dont 15 hépatites.

Dans son expertise, l’Anses a identifié un recours croissant à des formulations de compléments alimentaires qui augmentent l’absorption intestinale de la curcumine et donc ses effets, par exemple en l'associant à d’autres ingrédients, en particulier la pipérine. Même si en apparence elles ne dépassent pas la dose journalière autorisée (180 mg de curcumine par jour pour une personne de 60 kg), ces nouvelles formulations peuvent induire un risque d’effets indésirables pour la santé.


Les produits contenant du curcuma pourraient interagir avec les médicaments fluidifiants du sang, en particulier la warfarine (Coumadine), ainsi qu’avec les plantes aux propriétés anticoagulantes (ail, gingembre, ginkgo, ginseng, éleuthérocoque, kava, fève tonka, etc.).

Selon l’Agence européenne du médicament, il est préférable de ne prendre du curcuma ni pendant la grossesse ni pendant l’allaitement, hors usage alimentaire.

L’usage du curcuma chez les personnes de moins de dix-huit ans est déconseillé par l’Agence européenne du médicament, hors usage alimentaire.

Le curcuma est l’exemple typique de la faiblesse des études sur l’efficacité des substances d’origine naturelle (donc non brevetables). Plus de 120 études cliniques ont fait l’objet de publications scientifiques, mais aucune n’était suffisamment puissante pour en tirer des conclusions définitives.

En cuisine

Épice
Le rhizome de curcuma est une tige souterraine vivace, généralement à peu près horizontale, émettant chaque année des racines et des tiges aériennes. Séché et réduit en poudre, le rhizome est utilisé comme épice. Sa saveur est poivrée et très aromatique.

La préparation de la poudre consiste à faire blanchir les rhizomes pendant une à trois minutes (pour retirer les éventuels champignons et moisissures ; éliminer les mauvaises odeurs et mauvais goûts ; pour éliminer l'air des rhizomes afin d'éviter l'oxydation pendant le stockage), les faire sécher au soleil pendant 10 à 15 jours (ou dans un séchoir à 65 °C), puis les moudre.

Il entre dans la composition de mélanges d'épices de la cuisine indienne :

les masalas (indûment appelés curry) dont il constitue l'épice principale ;
le tandoori masala ;
le mukhavas (mélange indien de graines pris en fin de repas pour favoriser la digestion) ;
le vadouvan.
Le curcuma entre également dans la composition de mélanges d'épices dans :
le colombo antillais ;
le garam masala réunionnais ;
le ras-el-hanout du Maghreb ;
le tabil ;
le curry japonais.
Plats cuisinés à base de curcuma
Le curcuma est aussi largement utilisé dans les cuisines du monde :

Cuisine indienne : achards, pickles, samoussa, batata vada, thoran, bojé, linguiça.
Cuisines malaisienne et indonésienne : il entre dans la composition de l'ayam bakar, du gulai, l'ayam goreng, le soto, le soto ayam, l'ikan bakar, le rendang, le tumpeng, le nasi kuning.
Cuisines thaïe et cambodgienne (où il est appelé rimiet, dans la confection des currys, en particulier du célèbre amok, mais aussi de divers condiments.
Au Cambodge, il entre dans la composition de diverses boulettes, dont les boulettes de porc aux épices (brahet.
Cuisine vietnamienne : il entre dans la composition du bánh xèo.
Cuisine japonaise : le karēman.
Cuisine bhoutanaise.
Cuisine népalaise : le pulao.
Cuisine du Maghreb : il entre dans la composition du makroud, de l'osban, de la segdida et du mkheter.
Cuisine libanaise : il est l'un des ingrédients principaux du sfouf, un gâteau traditionnellement mangé lors des fêtes de famille.
Cuisine malienne.
Cuisine pakistanaise : il entre dans la composition de l'aloo gobi.
Cuisine iranienne.
Cuisine réunionnaise : il entre dans la composition du carry, du zembrocal et du bonbon piment.
Cuisine mauricienne.
Cuisine belge : le Piccalilli.
Cuisine anglaise : le condiment appelé Savora contient du curcuma.
Cuisine allemande : le condiment appelé Süßer Senf (moutarde allemande) contient du curcuma.
Cuisine italienne : la liqueur Amaro.
Cuisine française : daube comtadine.
Cuisine des États-Unis : le condiment Yellow mustard contient du curcuma.

Propriétés

Le curcuma est une plante utilisée depuis des siècles en cuisine et en médecine traditionnelle. Il agit essentiellement en favorisant la production de bile par le foie et en stimulant sa sécrétion dans l’intestin. Plus récemment, ses propriétés anti-inflammatoires et anticancéreuses ont fait l’objet d’études scientifiques.
En phytothérapie, on utilise son rhizome (tige souterraine) qui est découpé en petits fragments, étuvé ou ébouillanté, puis séché avant d'être réduit en poudre. 
L’Organisation mondiale de la santé reconnaît comme « cliniquement justifié » l’usage du curcuma dans « les digestions difficiles avec hyperacidité et flatulences ». Elle reconnaît comme « traditionnel » son usage dans le traitement « des ulcères gastriques, de l’arthrite, des règles douloureuses ou irrégulières, de la diarrhée et des problèmes de peau ».
traiter les ulcères de l’estomac et les maladies inflammatoires ;
réduit l’hyperlipidémie et le risque de maladies cardiovasculaires ;
soigne la gingivite ;
prévient le diabète de type 2 et réduit l’inflammation chez les patients diabétiques souffrant de néphropathie ;
améliore la performance cognitive chez les patients Alzheimer ;
traiter les troubles digestifs ;
soulager les maladies inflammatoires (arthrite rhumatoïde).
Usage externe
Par voie externe, le curcuma permet également de traiter les inflammations de la peau et certaines blessures.

Au cours de recherches récentes, il a été proposé pour faire baisser le taux sanguin de cholestérol et comme anti-inflammatoire dans des maladies chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde, l'arthrose ou les colites (irritations du gros intestin) inflammatoires.
Des études ont montré qu’une substance issue du poivre, la pipérine, augmente significativement l’absorption de la curcumine. Mais elle agit en augmentant la perméabilité globale de la paroi de l’intestin ce qui peut être source de problèmes de santé.

Les propriétés anti-inflammatoires de la curcumine ont fait l’objet de plusieurs études dans le traitement de l’arthrose et de la polyarthrite rhumatoïde. En 2016, une méta-analyse (l’analyse croisée d’études existantes) a conclu qu’il existe des signes encourageants concernant l’effet d’un gramme de curcumine par jour en cas d’arthrose.
Les autres usages traditionnels du curcuma
Le curcuma est également proposé contre l’asthme, la toux, l’épilepsie, l’ulcère gastroduodénal, les calculs urinaires et les problèmes de peau. Il est également employé pour soulager les règles douloureuses et stimuler la montée de lait.


Usages traditionnels
Le curcuma est reconnu dans les médecines traditionnelles indienne et chinoise et en Occident pour ses propriétés antioxydantes. Il aide l’organisme à lutter contre le stress et à maintenir l’efficacité des défenses naturelles. 

Inhibiteur du développement de cancers

De très nombreuses études ont été menées par la suite sur les effets inhibiteurs du curcuma et de son principe actif la curcumine sur le développement de nombreux cancers : côlon, foie, poumon, ovaire, sein, leucémie, prostate, estomac, pancréas et mélanome. Toutes ces études tendent également à montrer que la curcumine a un fort potentiel en tant qu'agent adjuvant en chimiothérapie.

Il n'y a pas de corrélation avérée entre curcuma alimentaire et diminution du risque de cancer, mais en se basant sur les informations disponibles provenant d'études sur le curcuma et taux de cancer chez les Indiens, c'est une possibilité. Cependant, il est presque impossible de tenir compte de plusieurs facteurs confondants comme le mode de vie, la génétique et des autres composants alimentaires qui interviennent également.

La curcumine réduit les effets secondaires de la chimiothérapie ou de la radiothérapie, ce qui améliore la qualité de vie des patients et un certain nombre d'études ont rapporté que la curcumine a augmenté le temps de survie des patients et diminué le niveau des marqueurs tumoraux.

Phytothérapie
Le curcuma est utilisé en phytothérapie (dans le traitement de l'hypercholestérolémie par exemple, ou encore en traitement alternatif pour la spondylarthrite ankylosante).

Le jus de curcuma obtenu à partir des rhizomes frais, conserve les phytonutriments fixes (curcumine, turmérine) et volatils (l'huile essentielle présente dans le jus de curcuma frais semble favoriser la biodisponibilité des curcumines dans l’organisme). Depuis des siècles, l'utilisation traditionnelle du curcuma frais en Asie du Sud-Est, lieu à l'origine de la découverte des bienfaits du curcuma, n'a jamais fait l'objet de la consommation d’une seule molécule isolée (curcumine), mais de tout le rhizome.

Le curcuma est considéré comme un alicament nature. Son activité thérapeutique est décuplée en présence de poivre (pipérine), sa biodisponibilité étant ainsi augmentée.

Les effets du curcuma sont étudiés dans son rôle protecteur contre la maladie d'Alzheimer, contre le diabète de type 2 et d'autres troubles cliniques. En effet, la curcumine pourrait également aider à stimuler les cellules du système immunitaire qui engloutissent les protéines du cerveau qui marquent la maladie d’Alzheimer.

Le curcuma pourrait améliorer la mémoire des personnes présentant un risque de déficience cognitive lié au diabète.

Consommé avec du thé vert et du poivre noir, le curcuma serait utilisé contre l'obésité.

Son efficacité dans les syndromes dépressifs majeurs est débattue.

Un essai en double aveugle, randomisé et contrôlé par placebo a montré que le curcuma améliorait efficacement les niveaux de SIRT1 chez les patients atteints de la maladie du foie gras non alcoolique.

Efficacité
Les effets positifs attribués au curcuma sont à relativiser, de nombreuses études sont en cours sur les effets de la curcumine et de la turmérine, et les capacités d'absorption du curcuma par le corps humain sont encore à l'étude.

La curcumine associée à un autre anti-inflammatoire (ex : famille des coxib, aspirine, phénylbutazone), permettrait d’en potentialiser l’effet et d’en diminuer les effets indésirables gastriques.

La curcumine agit à différents niveaux de la cascade inflammatoire (inhibition de la phospholipase 2, de l’acide arachidonique, des COX2, de la lipooxygénase, les cytokines inflammatoires, TNF α et le facteur NF-κB…).

Grâce à son mécanisme d’action, le curcuma peut être utilisé comme anti inflammatoire dans de nombreuses pathologies : rhumatisme, asthme, athérosclérose, cancer, maladie autoimmune (la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, la maladie de Crohn, le psoriasis et la rectocolite hémorragique) …

La curcumine peut donc être une bonne alternative aux anti-inflammatoires (bonne efficacité et toxicité moindre), mais elle permet aussi d’agir en synergie avec un traitement médicamenteux anti-inflammatoire pour en potentialiser les effets et en diminuer les effets indésirables gastriques.

Activité anti-oxydante
Les extraits de curcuma permettent de diminuer, voire de supprimer, la production de l’oxyde nitrique qui est un agent pro-inflammatoire puissant. Ils permettent aussi de capter les radicaux libres (anions superoxydes, radicaux hydroxyles…), de protéger les cellules contre le stress oxydatif, de prolonger l’activité des enzymes anti-oxydantes : la superoxyde dismutase, la catalase, la glutathion peroxydase, mais aussi de réparer les dommages causés par les radiations sur les protéines.

Activité au niveau digestif et hépatique
Le curcuma s’est montré efficace sur les ulcères gastroduodénaux, ce dernier a favorisé la guérison des lésions et diminué la douleur. Sur les modèles animaux, on a pu observer une stimulation de la production du mucus gastrique favorisant ainsi sa cicatrisation et sa protection.

Le curcuma est efficace pour la réduction des gaz intestinaux et a un effet hépatoprotecteur.

Potentiel anti-cancéreux
Aujourd'hui, on sait que l’oxydation cellulaire et les phénomènes inflammatoires ont une part importante dans la genèse des cancers. Grâce à ses propriétés anti inflammatoires et anti oxydantes, la curcumine montrerait un effet inhibiteur sur la cancérogénèse de différents types de cancers (côlon, pancréas, foie, sang…) et à différents stades. Le curcuma agirait sur trois étapes clé de la carcinogénèse : l’initiation, l’angiogenèse et la croissance tumorale. On s’intéresse de près aux effets anticancer de la curcumine, mais de hautes doses sont nécessaires. On ne connaît pas les effets à long terme de telles doses qui pourraient, dans certains cas, avoir des effets indésirables importants.

Divers

Conservateur alimentaire
Le curcuma a longtemps été utilisé comme conservateur alimentaire par les Indiens. Le pigment jaune du rhizome de curcuma possède notamment les propriétés de réduire le nombre de bactéries et de supprimer l'oxydation des graisses.

Usages comme colorant
Le jaune végétal curcuma est identifié avec le code NY3 dans le Colour Index.

 Le curcuma est utilisé comme indicateur de pH naturel (couleur jaune en milieu acide, couleur brun-orangé en milieu basique).

Colorant alimentaire
L'oléorésine de curcuma est extraite par solvant des tumérols (rhizomes de Curcuma longa L. concassés en poudre) et purifiée par cristallisation. Elle donne deux colorants alimentaires : E100(i) (curcumine) et E100(ii) (curcuma).

L'usage du curcuma comme colorant alimentaire remonte au moins au xviiie siècle, où il était utilisé par les droguistes pour falsifier certaines substances (huile de palme, huile d'œufs, sirop de chicorée).

Substitut au safran
Le curcuma est parfois employé, pour des raisons économiques, à la place du safran dans des plats comme la paella. Il apporte une coloration proche de celle de cette épice (surtout le curcuma rouge) et sa saveur propre, qui est moins complexe et puissante. Le curcuma est souvent étiqueté « safran » (des Indes, Bourbon, pays...) ou « safran curcuma » sur les marchés ou dans les commerces de produits exotiques.

Colorant textile
Étant une plante tinctoriale notoire, le curcuma est utilisé dans l'industrie textile comme teinture jaune orangé. Il teint le coton, la laine et la soie, sans mordant, même si son pigment est très sensible à la lumière et se décolore facilement. La teinture de curcuma est traditionnellement utilisée pour le costume safran des sâdhus ou des moines bouddhistes.

En Grèce antique, les péplos portés pendant les Panathénées étaient teints avec du curcuma. 

En France, l'usage du curcuma pour les teintures se répand au xviiie siècle, principalement pour sa très belle couleur jaune, bien qu'elle ne tienne pas longtemps.

En Polynésie française (archipel des Gambiers), Curcuma longa servait à la teinture des costumes traditionnels de cérémonies, les tapa.

Autres usages comme colorant
Au Moyen Âge, le curcuma était utilisé comme colorant pour cacheter les lettres à l'aide des sceaux en forme de petits pains à cacheter et comme couleur pour réaliser des enluminures, ou des peintures (comme dans l'art indien Patta Chitra).

En cosmétique, les shampooings indiens contiennent du curcuma, parmi d'autres épices.

En Europe, le curcuma était utilisé pour la teinture des savons (mélangé à de l'indigo pour obtenir des savons de couleur verte).

Autres usages
Usages rituels
En Inde, pendant les fêtes de Divali, le curcuma fait partie des offrandes aux divinités. Le tilak, marque rouge apposée au front de la personne à bénir, est faite à partir d'un mélange de poudre de curcuma, de chaux ou de jus de citron.

Le curcuma est utilisé dans les cérémonies de mariage en Inde et dans certaines îles du Pacifique.

Le curcuma est également utilisé comme peinture corporelle sur les femmes enceintes et sur les enfants en Polynésie française, il était par exemple appliqué sur le ventre des femmes enceintes à partir de six mois de grossesses. Dans d'autres pays asiatiques (Birmanie, Cambodge, ancienne Cochinchine), il était utilisé en pâte ou en poudre pendant l'accouchement.

Le curcuma fut utilisé dans des rites funéraires en Inde et en Polynésie française : mélangé à de l'eau et associé à de la nourriture, il était déposé près des morts. Ce rite était supposé alimenter les morts au cours de leur dernier voyage ; Dans le sud-est asiatique (Cambodge, Birmanie), les corps étaient frottés avec du curcuma.

Il existe des huiles essentielles de curcuma.

Répulsif pour les insectes
En Inde, alors que les feuilles de palmier de Palmyre servaient de support pour l'écriture, elles étaient enduites de poudre de curcuma pour prévenir les attaques des insectes.

Composition

Le principe actif du curcuma est la curcumine.

Les composants principaux du rhizome de Curcuma longa sont6 :

des curcuminoïdes, qui donnent la coloration jaune et qui sont les principes actifs principaux :
curcumine,
desméthoxycurcumine,
bidesméthoxycurcumine,
dihydrocurcumine.
des quinoïdes :
des sesquiterpènes :
alpha et gamma alantones,
bisabolène,
bisacumol,
bisacurone (molécule étudiée pour ses propriétés anti-inflammatoires),
caryophyllène (molécule qui contribue à la nature épicée du curcuma et possédant des propriétés anti-inflammatoires),
curcumène,
curcuménone (supposé être un agent anti-vieillissement).
des stéroïdes :
cholestérol,
campestérol (posséderait des propriétés anti-inflammatoires),
stigmastérol,
des monoterpènes :
cinéole,
camphène,
terpinène,
des phénylpropanoïdes :
acide caféique,
acide p-cumarique,
4-hydroxy cinnamoylméthane.
des lignanes :
iso-procurcuménol,
4-hydroxy-cinnamoyl-(féruloxyl)méthane,
des benzénoïdes :
curcumine et dérives,
gaïacol.
des glucides :
ukonane A.
des alcaloïdes,
de l'huile essentielle :
turmérone (aux propriétés antidépresseurs étudiées),
déshydroturmérone,
gingibérène (aux propriétés antiulcéreuses supposées),
atlantone,
curcuménol,
bornéol (effet hépatoprotecteur6),
camphre,
terpinène.

Les principaux composés chimiques de la fraction volatile sont des monoterpènes et des sesquiterpènes, la fraction non volatile est constituée de curcuminoïdes qui sont des dérivés phénoliques responsables de la couleur du rhizome.

50 à 60 % des composés phénoliques sont la curcumine, la déméthoxycurcumine et la bisdéméthoxycurcumine.

On trouve également dans le curcuma 64,9% de glucides, 7,8% de protéines, 9,9% de lipides, 11,4% d’eau, des minéraux, des vitamines C, B1, B2, B3, B9.

Le curcuma peut être consommé sous différentes formes : en gélule, en teinture mère, mais aussi en décoction ou infusion. On peut aussi la consommer en poudre directement dans l’alimentation.

Généralités

Le curcuma, ingrédient principal des carry ou curry, est particulièrement présent dans la vie socioculturelle du sous-continent indien, où il est considéré comme une plante exceptionnelle au regard de ses nombreuses propriétés (épice, conservateur de nourriture, agent colorant, cosmétique et médicinal). Répandu dans le Sud-Est de l'Asie depuis l'Antiquité, le curcuma fait l'objet de nombreuses études scientifiques dans le monde entier, afin de mieux connaître ses propriétés alimentaires et médicales. 

Les cultivateurs distinguent la partie centrale du rhizome, appelée curcuma-mère, des « doigts » qui partent de cette racine centrale. Le curcuma-mère est davantage utilisé pour ses vertus médicinales, alors que les « doigts » sont plutôt consacrés aux usages alimentaires.

Posologie

Utilisation en tant qu’anti-inflammatoire
De 800 à 1200 mg par jour à répartir au moment des 3 repas

Contre les troubles digestifs
De 1500 à 3000 mg par jour à répartir au moment des 3 repas

Troubles digestifs
Rhizome séché en poudre : prenez de 1,5 g à 3 g (½ c. à thé à 1 c. à thé) par jour, ce qui correspond à environ 60 mg à 200 mg de curcuminoïdes. (C’est ce que bien des personnes en Inde consomment quotidiennement, grâce au traditionnel cari) ;
Infusion : infusez de 1 g à 1,5 g de poudre de rhizome dans 150 ml d'eau bouillante durant 10 à 15 minutes. Buvez 2 tasses par jour.
Extrait fluide (1:1) prenez de 1,5 ml à 3 ml par jour ;
Teinture (1:5) : prenez 10 ml par jour.
Inflammation
Extrait normalisé en curcuminoïdes : prenez l'équivalent de 200 mg à 400 mg de curcuminoïdes, 3 fois par jour. Pour arriver à ces dosages, qui dépassent de beaucoup ceux que peut fournir une consommation normale de curcuma, on a généralement recours à des extraits normalisés à 95 % de curcuminoïdes.
Privilégiez les extraits qui contiennent de la broméline ou de la pipérine (ingrédient piquant du poivre), des substances qui améliorent l’absorption de la curcumine.
Vous pouvez également prendre les suppléments de curcuma en mangeant, car la présence de gras augmente également l’absorption de l’épice.

Antibactérien et anti-inflammatoire, le curcuma peut être appliqué en cataplasme pour soigner des pathologies comme l'eczéma, le psoriasis ou les mycoses.
Indications thérapeutiques usuelles
Troubles digestifs : dyspepsie, digestion difficile, maux d'estomac, nausées, perte d'appétit, lourdeurs et ballonnements. Protection de l'estomac et du foie. Douleurs liées à une inflammation de l'intestin, des colites ulcéreuses, à l'arthrite rhumatoïde ou à une pancréatite.
Problèmes dermatologiques : eczéma, mycoses, psoriasis.
Autres indications thérapeutiques démontrées
Prévention du vieillissement des cellules, problèmes circulatoires, douleurs menstruelles.
Le curcuma se présente sous forme de poudre de rhizome ou d’extraits standardisés à 95 % de curcumine. Les troubles digestifs sont soulagés par la prise de 0,5 à 1 g de poudre, en infusion dans 150 ml d’eau, de préférence pendant les repas. Les extraits de curcuma se prennent en général à la dose de 200 à 400 mg par jour Selon l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), la dose journalière maximale à respecter est de 180 mg de curcumine par jour pour une personne de 60 kg.

En ce qui concerne la teinture, le dosage quotidien est de 10 ml.

Associations

La curcumine ayant une faible biodisponibilité, il est intéressant de l’associer à du poivre car la pipérine contenue dans ce dernier va permettre de décupler cette biodisponibilité. Une autre association peut augmenter la biodisponibilité : la broméline (présente dans le gingembre et l’ananas).

Pour augmenter la biodisponibilité, il est préférable de consommer le curcuma durant le repas, en effet les corps gras vont faciliter son assimilation.

Potentialiser l’effet anti-inflammatoire : Harpagophytum, Ashwagandha et Boswellia

Anti-inflammatoire : Resvératrol

Protection cardiovasculaire et antioxydant : Ail

Post traumatisme - Convalescence : Klamath

Protection du cartilage et de l’os : Cassis

Recherche

Recherches sur le curcuma
Maladie d’Alzheimer
Les données cliniques sont insuffisantes pour affirmer que le curcuma est bénéfique chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

Une étude préliminaire menée en 2008 a rapporté que le curcuma (1 à 4 g par jour pendant 6 mois) augmente les niveaux de vitamine E, mais n’améliore pas les fonctions cognitives des patients.

Cancer
Dans ce domaine, la recherche est très active et les résultats de plusieurs essais cliniques sont attendus.

Les chercheurs pensent que les effets antioxydants et anti-inflammatoires de la curcumine peuvent jouer un rôle dans la prévention et le traitement du cancer.

Des études in vitro indiquent déjà que la curcumine inhibe la prolifération des cellules cancéreuses en agissant à divers moments de leur développement et qu’elle favorise la fabrication d’enzymes qui aident le corps à se débarrasser des cellules cancéreuses.

Prévention du cancer
Selon des données épidémiologiques, la prévalence de plusieurs cancers (du côlon, du sein, de la prostate et du poumon) est moins élevée dans les pays asiatiques où l’on consomme beaucoup de curcuma.

En outre, de nombreuses études sur des animaux exposés à des substances carcinogènes indiquent que la curcumine pourrait prévenir plusieurs cancers (du poumon, du côlon, de l’estomac, du foie, de la peau, du sein, de l’œsophage, lymphomes et leucémie).

D’un point de vue clinique, les données sont encore peu nombreuses. Elles ont été obtenues avec des groupes ne dépassant pas 25 personnes dans le meilleur des cas.

Néanmoins, les résultats paraissent prometteurs. Ils suggèrent que la consommation de curcuma pourrait être associée à une baisse du risque de cancer chez les fumeurs.

Chez des patients à risque, des doses de 1 g à 8 g de curcumine par jour pendant 3 mois sont parvenues à faire régresser certaines lésions précancéreuses.

Enfin, le nombre et la taille des polypes intestinaux de personnes atteintes de polypose familiale ont diminué sous l’effet de la curcumine (480 mg, 3 fois par jour) associée à la quercétine (20 mg).

Traitement du cancer
Les propriétés anticancéreuses de la curcumine sont prises très au sérieux par la communauté scientifique et plusieurs essais cliniques sont en cours. Jusqu’à présent, on ne dispose que de peu de résultats, mais ils sont encourageants.

Utilisée seule ou en association avec la chimiothérapie, la curcumine (8 g par jour) a permis, dans quelques cas, de stabiliser l’évolution du cancer du pancréas. Cet effet a également été observé chez des patients souffrant de cancer colorectal.

Ces études préliminaires ont toutefois confirmé ce que les études avec l’animal avait révélé.

La biodisponibilité de la curcumine est mince. Elle est peu absorbée par les intestins et la fraction absorbée est rapidement transformée par le foie et éliminée.

Les quantités qui se sont révélées efficaces dans les expériences in vitro sont donc difficiles à atteindre dans l’organisme. C’est une des raisons pour laquelle les essais cliniques utilisent des doses si importantes et se focalisent sur les cancers du tube digestif où les quantités de curcumine demeurent élevées.

Adjuvant aux traitements habituels du cancer
De nombreux résultats obtenus in vitro ou in vivo avec les animaux indiquent que la curcumine augmente les effets thérapeutiques de la radiothérapie et de la chimiothérapie en rendant les cellules cancéreuses plus sensibles à ces traitements.

La curcumine pourrait aussi réduire leurs effets indésirables.

En 2012, une étude clinique a étudié les effets préventifs du curcuma chez des patients souffrant de gammopathie monoclonale (maladie caractérisée par une quantité anormale dans le sérum ou les urines d'une immunoglobuline monoclonale) ou d’un myélome multiple peu évolutif (cancer des cellules de l’hématopoïèse).

Les participants recevaient curcuma (jusqu'à 8 g par jour) ou un placebo pendant six mois.

Les résultats indiquent que les patients ayant pris de la créatine présentaient une diminution de certains paramètres (protéines urinaires, immunoglobulines) par rapport aux patients traités avec le placebo, alors que d’autres facteurs caractéristiques de ces formes de cancer sont restés inchangés.

Le nombre peu élevé de participants (N=36) ne permet pas de tirer de conclusion.

Ulcères gastroduodénaux
Les études in vitro et sur des animaux indiquent que le curcuma a des effets protecteurs sur la muqueuse gastrique et qu’il peut détruire ou inhiber la bactérie Helicobacter pylori, responsable de la plupart des ulcères gastriques et duodénaux.

D’un point de vue clinique, les études sont rares et leurs résultats encore peu concluants. Toutefois, dans l’une d’entre elles, réalisée sans placebo, le taux de guérison a été de 75 % avec des doses de 3 g de curcuma par jour durant 12 semaines.

Maladies inflammatoires chroniques
En Inde et en Chine, on utilise le curcuma depuis très longtemps pour ses propriétés à contrer l’inflammation.

Des essais in vitro et sur des animaux ont donné des résultats positifs pour le traitement de la colite ulcéreuse, de l’arthrite rhumatoïde et de la pancréatite.

Chez l’humain, les données sont encore parcellaires et il faudra attendre les résultats de plusieurs essais cliniques en cours pour se faire une idée plus exacte de son efficacité.

Arthrite
Comparée à des anti-inflammatoires classiques, la curcumine (1 200 mg par jour) s’est montrée aussi efficace que la phénylbutazone dans le traitement de l’arthrite rhumatoïde.

Quant au curcuma, des doses de 2 g par jour pendant 6 semaines ont produit des effets comparables à l’ibuprofène (800 mg par jour) sur des personnes souffrant d’arthrose.

De bons résultats ont aussi été obtenus avec de la curcumine (200 mg par jour durant 8 mois) couplée à de la phosphatidylcholine (Meriva®) afin d’améliorer son absorption par l’organisme.

Maladies inflammatoires des intestins
Un extrait normalisé de curcuma a été utilisé avec succès chez des personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable.

Les 2 doses testées, équivalentes à 72 mg et 144 mg de curcumine par jour, ont permis de réduire les symptômes et d’améliorer le confort des malades. Un essai de plus grande envergure est en cours aux États-Unis.

Dans une autre étude avec des patients atteints de colite ulcéreuse, la curcumine à raison de 1 g 2 fois par jour, en plus du traitement habituel (sulfasalazine ou mézalamine), a limité le nombre de crises aiguës de la maladie pendant les 6 mois qu’a duré le traitement.

Les manifestations cliniques ont également régressé. Ces résultats confirment ceux obtenus au cours d’un essai préliminaire qui avait également montré des effets de la curcumine sur la maladie de Crohn.

En 2011, une revue a analysé l’efficacité du curcuma (360 mg 2 à 3 fois par jour durant 3 jours) sur les maladies inflammatoires intestinales, en combinaison avec les traitements standard.

Il apparaît que cette combinaison curcuma-traitement standard réduit significativement les symptômes et les marqueurs de l’inflammation (par exemple, la protéine C-réactive).

Cependant, les effets du curcuma seul ne sont pas connus et le nombre limité de participants ne permet pas de tirer des conclusions définitives.

Par ailleurs, le curcuma et la curcumine ont donné des résultats encourageants pour le traitement des d’œdèmes post-opératoires et de certaines inflammations de l’œil.

Maladies cardiovasculaires
Une seule étude a été menée à ce jour pour évaluer si l’exercice physique, combinée ou non à une consommation de curcuma (150 mg par jour, Theracurumin™; Theravalues, Japon) chez des femmes post-ménopausées souffrant d’une anomalie du ventricule gauche.

Les résultats indiquent que le curcuma combiné à l’exercice physique réduit significativement la masse corporelle des participantes, l’indice de masse corporelle ainsi que la pression sanguine aortique.

D’autres études plus poussées sont nécessaires pour confirmer ces résultats.

Gingivite
Une étude randomisée indique qu’un rince-bouche à base de curcuma diminue la contamination bactérienne de manière aussi efficace que la chlorhexidine chez des sujets (N=100) ayant une inflammation de la gencive.

Diabète
Deux études ont rapporté un effet éventuel préventif du curcuma dans la survenue d’un diabète. Dans la première étude, les participants ont été répartis en deux groupes.

Le premier groupe recevait un placebo alors que le second prenait trois capsules par jour de curcuma (750 mg) deux fois par jour pendant 9 mois.

L’extrait de curcuma contient entre 75 et 85 % de curcumoides. Après neuf mois de traitement, 16 % des participants du groupe placebo ont développé un diabète, tandis qu'aucun de ceux traités avec le curcuma n’a présenté cette pathologie.

De plus, les individus traités avec le curcuma ont vu leur poids réduire, ainsi que leur tour de taille et leur glycémie plasmatique à jeun.

Une seconde étude a évalué les effets du curcuma (22 mg trois fois par jour pendant 2 mois) chez des patients diabétiques avec une néphropathie (n=40), dont certains présentaient une insuffisance rénale à un stade très avancé.

Comparés au groupe placebo, les patients traités présentaient une diminution de l’excrétion des protéines urinaires ainsi qu’une baisse des niveaux de IL-8 (une molécule reflétant une infection) et de TGF-ß (un facteur de croissance anormalement exprimé dans le diabète avec néphropathie).

Hyperlipidémie
Les études chez l’animal suggèrent que le curcuma réduit les niveaux de cholestérol, en particulier le mauvais cholestérol (appelé LDL-cholestérol).

Deux études randomisées ont cependant rapporté que le curcuma n’avait aucun effet sur le LDL-cholestérol, ainsi que sur le bon cholestérol (appelé HDL-cholestérol).

Néanmoins, deux autres études indiquent que le curcuma abaisse le taux de triglycérides chez des patients obèses à risque de maladies coronariennes, ainsi que ceux du cholestérol total chez des sujets sains.

Dans cette dernière étude, la dose utilisée était de 500 mg par jour pendant une semaine. D’autres études doivent être menées chez des patients souffrant d’hyperlipidémie afin d’avoir un avis plus clair.

Troubles digestifs
La Commission E et l’Organisation mondiale de la Santé reconnaissent l'efficacité des rhizomes du curcuma pour traiter la dyspepsie, c’est-à-dire des troubles digestifs, comme les maux d’estomac, les nausées, la perte d'appétit ou les sensations de lourdeur.

Au cours d'un essai clinique, le curcuma, à raison de 250 mg 4 fois par jour, a été nettement plus efficace qu’un placebo pour soulager les problèmes digestifs des participants.

Le curcuma est aussi utilisé pour améliorer les fonctions biliaires, qui sont souvent une des causes de la dyspepsie.

Une préparation à base de chélidoine et de curcuma a été utilisée avec un certain succès sur des personnes souffrant de douleurs abdominales dans la région du foie.

La faible qualité méthodologique de cet essai et le fait que la chélidoine est aussi une plante qui stimule la vésicule biliaire rendent ces résultats difficiles à interpréter.

Divers
Les chercheurs s’intéressent également aux effets bénéfiques potentiels de la curcumine sur la maladie d’Alzheimer, 3 essais cliniques sont en cours.

histoire

Histoire de l'utilisation du curcuma
Le curcuma, et plus particulièrement son rhizome (la partie souterraine), est utilisé non seulement comme épice alimentaire, mais encore en tant que plante médicinale depuis des temps immémoriaux en Chine et en Inde. On en retrouve trace dans des écrits sanskrits datant de 4 000 ans avant Jésus-Christ ! Avec sa belle couleur jaune, le curcuma est d'ailleurs l'un des éléments essentiels de la médecine ayurvédique pour ses vertis pour le corps. Les médecines traditionnelles de Chine, de Thaïlande ou encore d'Indonésie l'utilisent également depuis des siècles pour stimuler la digestion et traiter les troubles qui y sont liés. L'arrivée du curcuma en Europe correspond à celle des currys ramenés par les Britanniques depuis leur Empire des Indes. La reconnaissance de ses propriétés médicinales est donc récente en Occident. Son efficacité dans le traitement des troubles digestifs n'en est pas moins reconnue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Commission E, commission scientifique allemande chargée de valider les propriétés médicinales des plantes. L'histoire du curcuma s'écrit aussi au futur puisque de nombreuses recherches scientifiques sont en cours, particulièrement sur les effets de l'un de ses principaux composants, la curcumine, dans la prévention et le traitement de certains cancers.

Description botanique du curcuma
Si l'on réduit généralement le curcuma à son rhizome, tout comme le gingembre , il s'agit d'abord d'une plante vivace à tige courte, mesurant entre 60 et 100 cm, et originaire d'Asie du sud. Le genre curcuma, proche cousin du bananier, regroupe une quarantaine de variétés qui ont en commun des feuilles lancéolées et un rhizome noueux à la chair jaune ou orange vif. Les fleurs de curcuma peuvent être de différentes couleurs, en l'occurrence jaune pâle pour celles de curcuma longa , utilisé en phytothérapie.