Bourdaine (Frangula alnus)

Précautions

La bourdaine ne doit pas être utilisée par les personnes qui souffrent de maladies inflammatoires du côlon (gros intestin), de constipation ou de douleurs abdominales d’origine inconnue ou dues à une obstruction du tube digestif (rétrécissement intestinal, bouchon de selles). Elle est contre-indiquée chez les personnes souffrant de déshydratation importante.
Lors d’usage prolongé, la bourdaine peut provoquer, comme tous les laxatifs à dérivés anthracéniques, des pertes de potassium pouvant occasionner des troubles cardiaques et expose à un risque de dépendance. Un besoin régulier et croissant de laxatif devient nécessaire pour obtenir un effet. De plus, l’arrêt du traitement peut s’accompagner d’une constipation sévère.
Un surdosage ponctuel peut conduire à des diarrhées profuses et des troubles cardiaques nécessitant une prise en charge médicale immédiate, notamment chez les personnes âgées ou en cas de déshydratation importante. Enfin, la bourdaine peut modifier la couleur des urines qui deviennent brun rougeâtre.
La bourdaine interagit avec de nombreux médicaments, notamment ceux utilisés pour soigner les troubles cardiaques ou l’insuffisance rénale. Toute personne qui prend un médicament pour le cœur (en particulier la digoxine) ou les reins (diurétiques) doit impérativement consulter son médecin avant une prise éventuelle de bourdaine.
Un traitement par corticoïdes (cortisone) justifie également de consulter son médecin avant de prendre de la bourdaine. Enfin, la bourdaine et la réglisse ne devraient pas être utilisées en même temps.
La bourdaine perturbe les tests urinaires qui mesurent les taux d’estrogènes et d’urobilinogène (une substance mesurée en cas de suspicion d’anémie ou de troubles du foie).
Elle est contre-indiquée chez la femme enceinte, chez celle qui allaite et chez les enfants de moins de douze ans.


Propriétés

Parties utilisées
L'écorce broyée et séchée 2 ans avant toute utilisation médicinale.
L’écorce fraîche est à éviter à cause de ses effets vomitifs et purgatifs sévères : elle peut provoquer des vomissements et des diarrhées importantes. Le séchage (dessication) prolongé de l’écorce de Bourdaine permet d’éliminer les principes actifs toxiques.
Interne
Stimulation des intestins, du pancréas, du foie, de la rate, de la bile. Insuffisance hépatique ou biliaire ; contre des parasites intestinaux ; pour soulager des hémorroïdes ; constipation.
Externe
Traitement traditionnel des dartres, de l' herpès labial, des hémorroïdes, de la gale et de la teigne.
La bourdaine est traditionnellement proposée pour traiter les constipations passagères. À forte dose, elle a un effet purgatif.
Son action irritante sur l’intestin demande des précautions particulières. L’usage régulier de cette plante peut entraîner une dépendance et des troubles intestinaux graves.
Le traitement à base de bourdaine ne doit pas excéder dix jours.
La médecine traditionnelle recommande l’utilisation de la bourdaine dans le traitement du diabète et, de façon anecdotique, dans celui de l’obésité et de la cellulite. En applications locales, la bourdaine est parfois utilisée contre les irritations cutanées ou les parasitoses de la peau (gale, teigne). On attribue également à la bourdaine une action stimulante sur les sécrétions de la vésicule biliaire.
Les principes actifs de la bourdaine sont des dérivés anthracéniques (glucofrangulosides). Ils ne deviennent actifs qu’au niveau du gros intestin où leur dégradation par les bactéries de la flore intestinale libère des anthraquinones. Ces substances inhibent l’absorption de l’eau contenue dans les aliments (permettant ainsi aux selles de rester molles), stimulent les mouvements de l’intestin et favorisent la sécrétion de liquides et de mucus par les parois intestinales.
En externe, une coutume bretonne l’utilisait autrefois pour les poux : on faisait une préparation avec la Bourdaine, à raison de 2 poignées d’écorce dans un litre de vinaigre que l’on faisait bouillir pour traiter les indésirables sur les gens et les animaux en Bretagne. On appliquait alors cette lotion deux fois à une semaine d’intervalle.
La décoction d’écorce peut être utilisée en application cutanée contre la gale, la teigne, les dartres mais aussi les plaies atones (avec difficulté de cicatrisation et présence d’un bourgeon charnu).

Divers

Elle a longtemps été utilisée pour son bois qui, une fois réduit en poudre carbonisée très fine, entrait dans la composition de la poudre à canon.

Ce même charbon de bois permettait vers 1860 de fabriquer de la poudre noire à faible vitesse de déflagration, utilisée dans les carrières de pierre ornementale pour fournir de gros blocs non fracturés. C'est notamment elle qui permit d'extraire pour Charles Garnier dans les mines de fluorine de Voltennes (La Petite-Verrière, en Morvan, France) les gros blocs nécessaires à la fabrication des 189 colonnettes (de 55 cm de hauteur d'un seul tenant finalement) qui décorent les balcons de la nef du Grand Escalier du Palais Garnier, l'opéra national de Paris.


Le bois de la bourdaine est également utilisé en vannerie. Son bois souple se travaille facilement.
Son écorce fraîche donne des tons nuancés de rouge à framboise, son écorce sèche et son bois du rouge au brun, ses baies violettes peuvent même donner du vert.

Son fruit, très prisé des chevreuils notamment, contient des alcaloïdes peptidiques (frangulanine, franganine) en faibles quantités aux effets psychotropes.


Autre

La consommation de Bourdaine peut colorer les urines en brun-rouge à cause de la présence d’anthraquinones métabolisés (principes actifs naturels).

L’écorce se prélève entre mars et mai sur les branches moyennes : L’usage traditionnel recommande d’attendre deux années de séchage pour l’utiliser. Les risques de confondre la bourdaine avec d’autres espèces proches sont possibles quand on souhaite cueillir soi-même si nous ne sommes pas spécialistes. Aussi, si vous n’êtes pas sûr à 100% de reconnaître la plante, il vaut mieux se la procurer dans une herboristerie par prudence.
La Bourdaine peut se cultiver au jardin, sur un sol plutôt acide et humide. Attention, les baies sont toxiques et peuvent attirer les enfants.

Posologie

La bourdaine se prépare en décoction

Son écorce est prélevée sur la tige et les petites branches, en fines lanières qui sont mises à sécher pendant une année ou cuites à 100 °C pendant une heure (l’écorce fraîche ou insuffisamment vieillie est toxique).

Les préparations de bourdaine sont standardisées et la dose recommandée s’exprime en fonction de la concentration en dérivés anthracéniques (glucofranguline. La dose habituelle est de 10 mg de dérivés anthracéniques par jour, avec un maximum de 30 mg par jour. Pour un meilleur contrôle du traitement, il est préférable d’utiliser des médicaments à base de bourdaine plutôt que des préparations en vrac.


1 cuillère à café de bourdaine pour une tasse
faire bouillir l’eau
réduire l’eau à petit feu
verser la bourdaine dans l’eau
laisser la bourdaine dans l’eau à petit feu pendant 20 min
filtrer la bourdaine
buvez!
Boire 1 à 2 tasses d’infusion de bourdaine par jour

On boit la préparation le soir au coucher pour avoir les effets laxatifs le lendemain matin.

En teinture mère : prendre 20 gouttes, deux fois par jour, à jeun, contre la constipation ou l'herpès. En usage externe, pour calmer l'herpès labial, les dartres ou les hémorroïdes : diluer 1 cuillerée à café de teinture mère dans 1 verre d'eau et appliquer avec une compresse.


L’absence de résultat après quatre jours de traitement impose une consultation médicale.

En application externe, on l’applique en compresse : soit on utilise la teinture de Bourdaine, à raison d’une cuillère à café diluée dans un verre d’eau, soit on applique la décoction d’écorce à raison d’une cuillère à café dans un demi-verre de vinaigre, pour traiter la gale par exemple.

Composition

Principes actifs
Composés anthraquinoniques dont franguline
Principe amer : rhamnotoxine (uniquement dans l'écorce fraîche)

• des hétérosides anthroniques qui deviennent des dérivés au séchage ;
• du physcion, du chrysophanol ;
• des tannins, des gommes et des mucilages ;
• des alcaloïdes (frangulanine, franganine) ;
• des flavonoïdes.

Les fruits et l'écorce fraîche contiennent des composés anthracéniques dont la forme réduite est émétique, donc très toxique, mais le séchage permet leur oxydation en anthraquinones.